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Qui est le coupable de la destruction des cellules béta au cours du diabète de type 1?

Dernière mise à jour : 4 avr. 2021

Comme beaucoup d'autres à l'occasion du congrès de l'International Diabetes Federation de Madrid en 1985, j'ai eu la chance d'assister comme jeune interne à la conférence de Gian Franco Bottazzo, découvreur des anticorps anti-îlots de Langerhans en 1976 et brillant immunologiste.

La conférence fut éblouissante dans sa mise en scène (Gian Franco avec la robe d'un procureur) et jamais égalée depuis, celle du procès des coupables au tribunal, l'assistance du congrès étant les membres du jury. Intitulé mort de la cellule béta: homicide ou suicide, il s'agissait de comprendre si tout était lié aux lymphocytes T infiltrant les îlots et détruisant de façon définitive les cellules béta, si les cellules béta étaient uniquement des victimes ou participaient activement à leur destruction.

Les lymphocytes étaient des coupables tout désignés avec peu de circonstances atténuantes. L'influence de l'environnement, le rôle déclencheur des affections virales notamment des entérovirus, les changements des stratégies vaccinales évitant la voie orale, les modifications du microbiote intestinal dans le cadre des modifications alimentaires, de la prévention des infections bactériennes, ont additionné les preuves de l'activation et du recrutement des agresseurs. La contribution des cellules béta dans l'attaque avait été évoqué lors de la conférence avec l'expression de signaux facilitant l'action du système immunitaire, mais avec des arguments qui n'ont pas été confirmés depuis. Plus de 35ans plus tard, que dire sur le rôle des cellules béta? Sont-elles vraiment innocentes? Comme le souligne Bart Roep (Nature rev Endocrinol 2021), il semble que non et nous devons reprendre l'enquête comme dans un nouvel épisode de la série "cold case".

Ces cellules très spécialisées ne sont pas équipées pour survivre dans un milieu inflammatoire. Par rapport à un îlot d'un sujet non diabétique (A), l'îlot d'un sujet avec un diabète de type 1 aprés quelques années comporte moins de cellules béta marquées en vert (B), mais toutes ne sont donc pas détruites comme cela avait été évoqué. Ces cellules sont soumises par contre à un stress métabolique important face à l'hyperglycémie. En réaction à ce stress, la chaine de production de l'insuline se dérègle, produisant des produits anormaux et exprimant des récepteurs stimulant le système immunitaire. La possibilité d'accéder au tissu pancréatique dans le cadre de banques de tissus a certes retrouvé une inflammation des îlots mais limitée et évoluant par vagues. Des cellules béta peuvent persister dans certaines zones du pancréas mais sans inflammation, plus de 10ans après la survenue du diabète chez certains sujets. Tout ceci a fait évoluer notre interprétation. La persistance de cellules béta inactives et échappant à la destruction immunitaire interpelle. Cela explique peut-être l'inefficacité des interventions au début du diabète ciblant uniquement le système immunitaire. Les prochaines stratégies au début du diabète de type 1 devront être des approches combinées: réorienter et non pas bloquer le système immunitaire et cibler les cellules béta pour renforcer leur fonction et/ ou leur division.

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